Illustrations M. Loyal. Spring Summer 2010.

Allongés, amaigris, les pieds en dedans, les genoux cagneux qui se disent bonjour, les bras ballants, l'air faussement sûr de soi et les épaules hautes... Apparat?

Fourche Basse, par Hedi Slimane.

Frêles, chétifs, ni virils, ni puissants, presque ingrats. Maigres. Vieil adolescent. Pantin inachevé.

Comme je les vois, comme je les imagine, comme je les envie, comme je les aime.

Photos: Hedi Slimane

Vera Wang

Les ombres noires de Vera Wang, démantibulées, asymétriques, drapées géométriquement, sont les nouvelles sylphides aux allures gothiques de la Mode New Yorkaise. Toujours dans l'ultra féminin, avec une touche de Glamour, on découvre cette saison une collection plus moderne à mon sens. Voiles et tulles jouent avec les transparences, la suggestion et le mystère. Les plis que prend la matière sont aigüs, racés, alors que certaines silhouettes montrent la légèreté dans un drapé nonchalant où l'ampleur du tissu décontracte l'esprit.
Comme chaque collection où le noir est maître d'oeuvre, la créatrice joue sur les mats et les brillants et réussit toujours à redonner de l'éclat avec un bijou, en l'occurence des plastrons/colliers, un plissé, une symétrie ou une asymétrie, ou un blanc poétique. Cette idée de poésie est aussi présente, non exhaustivement, dans certaines manches, dans leurs tombés. Une manche gigot qui donne à l'allure globale un renouveau de romantisme. Une Emma Bovary à la sauce de Bergerac...

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Rodarte

Ruiné, vieillit, usé, brûlé, Rodarte joue sur un primitif futuriste. Cette collection évoque une traversée de la Vallée de la Mort dont les rescapées usent encore leurs forces. Gantées jusqu’aux épaules de peintures de guerre aux allures tribales, les amazones pacifiques sont enroulées de chèches, d’écharpes, de toiles à carreaux, de voiles imprimés.

Les looks semblent recomposés, déchirés, raccommodés. Les écharpes molles laissent apercevoir un tye&dye rouge dans ce fouillis de matières et de couleurs souvent noires, brunes, orangées. Les cuirs, les tressages, les matières lâches recomposent des pièces ajourées. Dans ces patchworks raccordés on trouve encore des sequins survivants qui apportent de l’éclat aux dentelles usées, aux aspects toile de jute et aux tricots « crochet » brûlés. Quand ce ne sont pas des robes courtes mi-cuisse dont les motifs carreaux rajoutent de l’illusion d’abondance de matières, les naufragées portent des slims noirs, imprimé python, qui, troués, laissent apercevoir les chevilles. Parsemées de plumes, de pierres, de tresses de cuir les robes sont frangées et filandreuses quand elles sont longues.

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Alexander Wang

C’est au football Américain que s’interesse Alexander Wang dans cette collection. En revisitant les détails de vêtements de sports et de suporters, et en y intégrant ceux des ballons, le créateur s’attaque à un monstre sacré aux USA.
Il fait ainsi fusionner un sweat gris,large et épais, et un corset. Les finitions en cuir poulain de ce dernier reprenant les laçages du ballon ovale. Ce sweat gris et ce cuir marron « chocolat au lait » reviennent plusieurs fois dans la collection. Large, le sweat s’apparente à un « boyfriend sweat » qu’aurait enfilé une « high school girl ». En robe, les épaules basses et reprises en cuir, il s’invente une nouvelle vie.

On apparente aussi certaines pièces aux vêtements des supporters. Le blaze brodé en polaire, symbole d’une équipe, revient plusieurs fois, ainsi que l’épais blouson, manche raglan bi-color aux couleurs de cette même équipe. Pour féminiser cette silhouette le créateur utilise des pantalons de mousseline transparente noire, matière très présente dans la collection.

Les T-shirts à rayures rouges et blanches, très pompom girl, reviennent eux aussi, mais troués, ajourés. Ils s’utilisent aussi en robe. On retrouve d’autres rayures, plus pastel, elles sont irrégulières et parfois transparentes, en voile.

Alexander Wang joue également avec des robes couleurs sable et des trenchs-coats dont il fait sortir la doublure grise à l’extérieur. Ce détail est réutilisé sur des pantalons et des jupes.

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Marc Jacobs Spring Summer 2010

Marc Jacobs illustre avec cette collection sa vision du Baroque. Un baroque Japonisant où les Geishas portent des jupes droites mi mollet. Les incrustations et découpes géométriques de ces jupes mettent en symétrie les différentes couleurs de satins utilisés. Marc Jacobs joue sur la transparence et sur les dessous dessus. Les soutiens gorges sur les chemisiers et les bas blancs au niveau du genoux, sur le pantacourt. Un costume de Cour où les jabots et les cols fraises jouent sur les volumes. Le voile transparent, plissé, irisé, nacré, dans des tons de rose poudré ou de bleu pétrole donnent aux silhouettes des allures de coraux tant les fronces et les excroissances de matières abondent. Et certaines pièces à carreaux renforcent cette idée d’abondance.L’ampleur de certains looks redonnent de la légèreté en voile blanc, et des airs de méduse évanescente.

A cet esprit de légèreté, on associe facilement les pantalons « Aladin » en mousseline ou encore les robes ajourées brodées de motifs ethniques en sequins blancs. Les perles blanches se font discrètes mais sont présentes, en détail, sur certaines pièces.

Plus lourd, on retrouve des ensembles dont les motifs ajourés simulent des écailles.

Au contraire, certains looks révèlent une idée bien plus forte de maintient : les silhouettes, ceinturées à la taille, en trench-coats sombres répondent au fraises étranglées

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VOGUE Fashion Celebration Night.

Jeudi 10 Septembre, les magazines VOGUE oraganisaient une soirée. Le même soir, selon le décalage horaire, dans toutes les villes. Les équipes de la publication avaient au préalable sélectionné une soixantaine de looks phares de la saison. Un look par marque, le look clé, celui conseillé par l'équipe. Carine Roitfeld et ses coéquipières en talons allaient donc jouer à la marchande dans le triangle d'Or, les boutiques restant ouvertes jusqu'à 23 heures pour l'occasion.

Gratin, gotha et autres parvenus se mêlaient donc à cette foule de luxe. L'Avenue Montaigne avait pris des airs des Halles de Châtelet un samedi après midi, tant le monde avait répondu à cette invitation, facilement obtenue. Sur simple achat de VOGUE, AD ou GQ.

La déambulation commença à 18 heures avant de s'achever dans les brumes d'ivresse de la nuit Parisienne. Parée de ses plus beaux atours, la faune présente ère entre sacs, chaussures et portefeuilles, griffés toujours. Le champagne coule à flot, les macarons sont sur leur trente et un, et j'observe. De la mondanité. 100% snob, mais réjouissant.

Les looks sélectionnés sont bien mis en avant, et les boutiques suent du mal qu'elles se sont données; Les coupes de champagne sont malheureusement moins nombreuses à avoir répondu à l'invitation, et l'attente se fait parfois longue. Outre les photos chez DIOR, la queue honteusement longue chez CHANEL  et le fourreur en action chez FENDI, la soirée manquait cruellement d'interêt. Aucune ristourne, pas une remise. Un petit quelquechose manquait. Dommage.

L'opération semble tout de même avoir suffisamment rameuté de monde pour que VOGUE réïtère l'année prochaine, ou pour les collections à venir.

Poker Face.

RockFeller Center.

Toujours créative, Patricia Field. Pour la promotion du film Sex and the City, Sarah Jessica Parker prend la pose avec son partenaire de jeu au RockFeller Center à New York. Toujours cette incroyable façon de se tenir et de porter les vêtements. Mais pour l'occasion, Patricia Field crée une panoplie moins Vintage et bric à brac qu'on avait connus sur Carrie jusqu'à présent. Plus haute Couture, plus glamour. Plus Hollywoodien quoi. Mais le résultat en vaut la peine.


Chaussée par Louboutin et drapée en LANVIN, Sarah Jessica Parker reste l'envoutante.

Ciselé.

TWIGGY

ORANGE MECANIQUE

EPINE DORSALE

Louboutinesque.

Les plus assidus savent déjà désormais que telle Cendrillon j'ai trouvé chaussure à mon pied chez Christian Louboutin. Donc pour ceux qui ne le savent pas... voilà, c'est dit. Et après avoir bavé sur ses stilettos pendant des années, et m'être perdu à savoir comment pouvoir en chausser un jour, je me rends compte aujourd'hui que Christian Louboutin a pensé à moi et autres petons fragiles en mettant de côté son fétichisme et son goût prononcé pour les cambrures de pieds. Du plat. Voilà qu'il fait du plat. Moi qui comptait justement craquer pour une paire de Zizie chez Repetto pour faire ressortir mon côté Gainsbourg... Voilà que je trouve la chaussure idéale qui répondrait, en plus, à mon admiration au maître. Existant en laqué noir, cette paire n'a de place que dans mon placard et sur mes pieds. Serait-ce la finition artistique de ma jambe? Tout simplement Louboutinesque.

The sartorialist's book.

Le week end dernier, Scott Schuman dédicaçait son premier livre chez Colette. Les assidus à la toile et autres accros sont ainsi allés se bousculer pour une précieuse dédicace.
Tirées de son blog, les photos de street style éditées retranscrivent la Mode internationale. Loin des clichés et des trottoirs battus par les stilettos des fashionistas glamours, Scott Schuman montre l'envers su décor. Les muses des égéries et les égéries des muses.

Simple, underground, avant gardiste, sa vision de la mode est bien différente des couvertures glacées des magazines de mode. Ses modèles-rencontres sont photographiés par son regard jeune,innocent, novateur, et toujours plein de sensibilité. Le détail. C'est ce qui fait la différence, et The sartorialist nous le montre bien.

Absent lors de cette fameuse dédicace, je me suis quand même rué en librairie pour acquérir le précieux ouvrage.

Un It-Book.

La sensibilité du blog est bien resservie. Et, toujours sans prétention, il nous offre format papier ce Graal de la mode. Agréable de le retrouver en "objet", loin d'un écran. Savourer son livre en terrasse et comparer les modèles aux anonymes de la rue. On y retrouve des frimousses connues comme Garance Doré et Carine Roitfeld... Et toujours ces mystèrieux anonymes, à Milan, Avenue Montaigne, ou à Harlem...

Et c'est d'ailleurs fou, me dis-je, comme, même en faisant abstraction du décor, on sait différencier une Parisienne d'une New-Yorkaise. Un geste, un sourire, une matière ou une longueur... C'est ce qui fait la diversité de la planète Modeuse. Encore les détails. C'est ce que Scott Schumann a su capturer et c'est ce qu'il a su éditer.

Un It-Book. A acheter!

Manifesto YSL.

Samedi 12 Septembre, 500 000 exemplaires du nouveau Manifesto (en papier recyclé, il faut le préciser dans ces temps écologiques de crise) seront distribués à travers le Monde.  Les plus chanceux, les 2000 premiers, se verront offrir en plus un cabas Yves Saint Laurent réalisé pour l'occasion. L'adresse de distribution, encore tenue secrète de tous, se voit plus traquée que le dernier bag FENDI. Les enquêtes à la loupe sur la toile ne mènent pour l'instant à aucun indice fiable sur le lieu du gain. Elémentaire mon cher Watson. Sillonnées, seront les rues de Paris ce samedi. Une chasse au trésor grandeur nature pour de grands enfants qui apprécient davantage aujourd'hui l'acquisition d'un it-bag plutôt que d'un paquet de bonbons.

Un apât gourmand pour des voraces en talons aiguilles, une édition limitée à laquelle se faufiler plus dangereusement que les soldes. Car la chasse est ouverte les enfants.

Bonne chance à tous!

Barbie Margiela.

A l'occasion du cinquantième anniversaire de Barbie, j'en connais qui auront voulu rejouer à la poupée.

Il est loin le temps où, innocent, j'accrochais des morceaux de tissus _guenilles en réalité_ sur les poupées gracieusement données par les compréhensives camarades.

Margiela offre ici une nouvelle vie à Barbie: plus tendance, plus fou, plus drôle, moins Los Angeles, moins pouffie... On redécouvre la poupée des foyers.

Remember tomorrow. stop.

Je veux mourir un dimanche

Au premier frisson du printemps

Sous le grand soleil de Satan

Je veux mourir sans frayeur

Fondue dans un sommeil de plomb

Je veux mourir les yeux ouverts

Le nez au ciel, comme un mendiant.


Texte: Déranger les Pierres. J.Clerc C.Bruni